Jorge souffre d’une infirmité motrice cérébrale et a des difficultés pour s’exprimer, pour effectuer certaines gestes du quotidien, pour marcher. Il se déplace dans les ruelles de son quartier de Séville avec son triporteur.
Ingénieur informatique, Jorge a travaillé pendant plus de 20 ans comme programmateur, avant de se consacrer à sa passion : la musique électronique. Dans son appartement, son studio d’enregistrement est rempli d’ordinateurs, de sampleurs, de synthétiseurs.
Jorge donne des concerts, joue dans des clubs. Son nom de scène ? « lospiestorcidos », que l’on pourrait traduire par « les pieds tordus ».
Un court métrage documentaire réalisé par Charlie García Villalba
Musique originale : lospiestorcidos
Image : Ignacio Bascón
Son : Jesús Bascón
Montage : Charlie García Villalba
Sous-titrage : Sabine Lhommet
Interview
Charlie García Villalba Réalisateur
“Quand j’ai rencontré Jorge, j’ai tout de suite trouvé que c’était une personne incroyable.”
- Peux-tu te présenter en quelques mots, Charlie ?
En quelques mots, je dirais tout simplement que je suis quelqu’un de passionné par le cinéma, la musique et toutes les formes d’art qui racontent des histoires et qui peuvent toucher le plus grand nombre.
Sur un plan plus personnel, je suis une personne sociable, attachée à ma famille, et qui aime travailler en équipe !
- Comment est né ce film ? Comment as-tu rencontré Jorge ?
L’histoire est née grâce à Jesús Bascón, le designer sonore du court métrage. Jesús est musicien et il connaissait Jorge de vue. Un jour, il a proposé à Jorge de raconter son histoire, et Jorge a adoré l’idée. Jesús a alors pensé à moi pour écrire et réaliser le film.
Quand j’ai rencontré Jorge, j’ai tout de suite trouvé que c’était une personne incroyable. Son histoire méritait d’être racontée.
- Justement, comment décrirais-tu Jorge ? Quel genre de personne est-il ?
Jorge est un passionné de musique et de cinéma. Nous avons tout de suite accroché lorsque nous nous sommes rencontrés. C’est quelqu’un de très positif, et il est très marrant.
Le connaître m’a fait réfléchir à l’importance des choses et aux préoccupations qui rythment notre quotidien. Il a une philosophie de vie qui est vraiment admirable.
- Des courts-métrages documentaires comme “Cordes sensibles” ou “Cristian” parlent du handicap, chacun à sa manière. Quelle était ton approche ?
Tout d’abord, ces deux films, ce sont des histoires incroyables donc merci de les faire découvrir au plus grand nombre !
Pour notre court métrage, l’écriture a été collaborative dans le sens que Jorge y a participé. Nous avions à cœur de montrer sa vérité, mais à travers la fiction. Jorge n’est pas acteur, donc nous avons voulu illustrer des situations de son quotidien, tout en lui permettant de refaire une prise si nécessaire, dans un cadre serein.
Certaines séquences du film sont ainsi mises en scène, comme ces moments de la vie de tous jours, qui peuvent être complexes pour lui : faire du vélo jusqu’au marché, monter les escaliers chez lui ou préparer un café. Mais bien sûr, il y a aussi des instants authentiques et naturels, comme ses discussions avec ses amis ou le concert.
“Jorge est introverti et souvent nerveux avant de monter sur scène. Mais une fois que la musique démarre, il s’amuse comme un enfant.”
- Tu n’interviewes pas Jorge face caméra. Tu préfères le suivre dans son quotidien : chez lui, au marché, avec ses amis. Peux-tu nous expliquer ce choix d’un point de vue narratif ?
Ce que l’on voulait, c’était recréer une journée de la vie de Jorge : de son réveil, à ses courses, en passant par ses moments avec ses ami·es, jusqu’à son travail de création musicale chez lui. Nous voulions ainsi montrer plutôt que parler et expliquer.
Ainis, la première scène présente le personnage uniquement par l’observation : il se lève, on voit ses « pieds tordus » marcher jusqu’à la cuisine, puis la préparation du café. À ce stade, nous sommes déjà plongés dans son histoire.
- Comment est Jorge sur scène ?
Jorge est introverti et souvent nerveux avant de monter sur scène. Mais une fois qu’il y est et que la musique démarre, il s’amuse comme un enfant. Voir les gens danser sur ses morceaux le rend extrêmement heureux.
- Comment va Jorge aujourd’hui ? Qu’a-t-il pensé du film ?
Jorge va très bien et il est très fier de ce film. Le voir sur grand écran a été une expérience incroyable. Il est heureux de partager son histoire avec le public et espère qu’elle touchera un maximum de personnes, en les incitant à réfléchir aux autres et à faire preuve de plus d’empathie.
- Quel regard portes-tu sur le court métrage documentaire en particulier ? Qu’est-ce qui rend ce genre si spécial ?
Ce qui rend ce format unique, c’est qu’il permet de faire découvrir de « petites » histoires à un large public, des récits spécifiques qui ne pourraient pas exister sous forme de longs-métrages, faute de budget. Ce sont pourtant des histoires nécessaires, pleines d’émotion, et qui ont le pouvoir de changer des vies.
- Que penses-tu de 99 et du fait que ton film soit désormais sous-titré en plusieurs langues ?
Je suis très reconnaissant envers 99 de son soutien aux cinéastes documentaristes. Merci de permettre à nos histoires de toucher un public international !
Je recommande vivement à tout le monde de regarder « Garder l’équilibre », qui m’a frappé par l’originalité de son histoire et de ses visuels. J’adore le plan final !
